Texte

As the point of departure to understanding the artworks of Arnaud Sprimont, I would like to use an idea from French philosopher Blaise Pascal (1) as a reference: what is my place in the infinite, what is my place in nature? Adopting the interrogative form as an approach to A.S.’s work is key and an integral part of what he does. His work is much like an open exercise, constantly questioning, evolving and morphing, never at rest. A.S.’s work is rooted is his view of man. In their work, he opens up his private life; the intimacy of his body, the privacy of his relationship with nature, and beyond nature, his vision of human nature. At the outset, there is observation. Observation which is not confined to what the human eye can see. Using modern techniques, ranging from nano-scale imagery to satellite views, A. S. challenges the boundaries of his body and his perception of the world around him. The study of pseudomorphosisms is echoed in the perception of his own experiences. Reflecting and blending scales back and forth,the infinitely large finds meaning in the infinitely small, where an abyss of possibilities opens itself up to him.

Setting out from these studies, he then embarks on constructing a narrative. It is not about lending meaning to this infinite, but to talk about the tensions and romances felt, to highlight relations thought unlikely. In confronting the scales, A. S. composes his own history, seeks his path, gladly losing himself in the illusions there to behold. For, as he states himself, it is not about arriving at a set destination but rather about roaming along a vast path: “the work that goes into these pieces and forms is much like a very long walk in nature, where I am ultimately swallowed whole by the earth and I am at one with the rock. My lungs are like the moss around the trees and my arms can embrace the mountains, like the branches of a giant tree, while my spirit flies off like an owl into the night above the hills”. By choosing to position oneself – both physically and mentally – on the edge of this infinite chasm, and as suggested by the title of the exhibition, in the face of chaos, one might think that the artists puts himself into an uncomfortable and harrowing situation. This is not the case.

The road A. S. is walking is a serene path; the compositions he creates – much as they have a crude and elementary aspect – in the same way as seen in the sights of nature – are solid and compact. The use of two unique and opposite colours in the creation of the various pieces of this work, act to illustrate the artist’s acceptance to simultaneously skirt the depths of the dark night – synonymous with secrecy – and those of white light – which refers to knowledge. Even when finding himself faced with difficult to fathom secrets, he remains undaunted by this immensity. A. S. is pursuing his path in nature, in his nature, and through his creations narrates the geology of his own body, finding its place in a matter in constant transformation.

Marie-Luce Martin, January 2014

(1) Blaise Pascal, “Les Pensées: les deux infinis” 

Le lointain et le microbiote

Dans la même halle se trouvent deux autres pièces : d’abord, une vidéo des années 70 faisant voyager viscéralement du micro au macro et vice versa, en partant de la peau au plus lointain de l’espace, faisant éprouver l’emboîtement vertigineux des modes d’existence et la coexistence abyssale des différentes temporalités. Où est le commencement ? Dans le micro ou le macro, maintenant ou il y a des millions et des millions d’années-lumière ? Voilà, grâce à une vidéo plutôt vintage, la dynamique du mystère avec lequel composer, jouer. Sans fin, humblement. Ensuite, le regard est invité à scruter l’image d’une sculpture bijou d‘Arnaud Sprimont. Trois broches, composées de bronze, maillechort, inox et ambre, qui matérialisent et représentent des quarks. Les font entrer dans des représentations ordinaires puisqu’il s’agit d’objets que l’on peut porter, pour dévorer un vêtement, se parer. Les quarks sont des particules elles-aussi invisibles à l’état isolé, seulement identifiables dans des assemblages de plusieurs autres particules. Leur nom provient de « Finnegans Wake » de James Joyce, ce qui signale déjà comment l’imagination circule, entre différentes disciplines, ici entre littérature et science. D’autre part, les objets créés par Sprimont sont baptisés « Microbiota ». Comme on sait, les microbiotes sont les communautés de micro-organismes (archées, virus, bactéries…) qu’hébergent d’autres organismes vivants – intestins, bronches, peau, bouche, vagin – qui leur sont indispensables pour vivre, avec lesquels ils forment écosystèmes. Le microbiote affirme qu’il n’y a pas de frontières étanches entre nous et le vivant, il y a interpénétration., complémentarité. Ces bijoux intrigants symbolisent ce qui noue nos vies au plus profond de l’invisible, les échanges de tensions entre micro-organismes, micro-particules, toutes une dynamique d’échanges et de parasitages bien pensés, aux sources de nos design d’existence. Il faut rester dans cette halle, recueilli, écouter, regarder, méditer, laisser (re)monter l’étonnement devant la vie.

Extract from the text published on 12 December 2021 by Pierre Hemptinne.
Writer, Director of cultural mediation at PointCulture | www.pointculture.be

Les outils, interfaces entre matière et formes rêvées. Les formes et informes de l’invisible bousculent les frontières au sein du vivant.

Se décentrer, ne plus se situer à l’extérieur des choses, c’est ce dont témoignent des outils très anciens, ou certains ornements architecturaux choisis avec soin dans certaines collections muséales locales. La prise en compte de ce local contribue à faire en sorte que cette exposition allie, dans ce qu’elle raconte, l’universel et le proche, les dimensions historiques immédiatement palpables dans l’environnement culturel proche. Ainsi, la série de pics en silex retrouvés à Spiennes. La patience qu’il a fallu pour façonner ces morceaux de pierre par éclats successifs, le temps et la concentration nécessaires à leur donner forme utile pour des usages précis, peuvent correspondre à un geste magique par lequel l’humain cherche à transférer dans la matière les formes nées en lui. Ces formes peuvent sembler jaillies de l’intériorité de l’homme, advenir depuis ses entrailles. Il les a sculptées, à tâtons, en même temps qu’il imaginait ce dont il avait besoin comme outil. Il leur a donné forme et volume avec ses mains, dans ses mains. Comme tout outil, ils sont le prolongement de ses membres, ce sont des prothèses et, à ce titre, autant outil externe que prolongement interne de l’organisme humain. Arnaud Sprimont crée de petits sculptures en résine à partir d’images microscopiques notamment des micro-organismes qui peuplent le microbiote (flore intestinale) et dont les origines, pour certains, sont contemporains des débuts de la vie sur terre. Ce sont des formes qui ressemblent à des morceaux de coraux, des champignons, des coquilles d’animaux excentriques, des formes hybrides, épatantes et imaginatives, telles qu’on en rencontre dans le monde végétal, animal et minéral et, pourtant, il s’agit tout aussi bien d’infimes éléments de ce qui vit en nous, de ce qui nous rend vivants. L’infiniment petit, indétectable à l’œil nu, se matérialise, la frontière entre le perceptible et l’imperceptible est franchie. La profusion de formes et d’informes, orphelines ou conjuguées, soudain livrées à l’expérience esthétique, pose à nouveaux frais la question du beau et des frontières entre tout ce qui participe à la nature et aux formes culturelles qu’elle inspire..

Extract from the text published on 12 December 2021 by Pierre Hemptinne.
Writer, Director of cultural mediation at PointCulture | www.pointculture.be

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